La mousseline de Dhaka : une histoire de splendeur, de déclin et de renaissance
- Govinda Ram
- 7 sept.
- 4 min de lecture

La mousseline de Dhaka, aussi appelée mousseline de Dhakai, est un tissu raffiné qui a traversé des siècles d'histoire, de gloire, de déclin, avant de connaître un renouveau remarquable. Originaire du Bengale, une région riche en traditions textiles, la mousseline de Dhaka est réputée pour sa finesse et sa transparence exceptionnelles. Dans cet article, nous explorerons l'histoire fascinante de ce tissu, sa disparition, sa redécouverte et son utilisation actuelle.
L'histoire de la mousseline de Dhaka
La mousseline de Dhaka trouve ses origines au IIIe siècle avant J.-C. Ce tissu était produit au Bengale, la ville de Dhaka, aujourd'hui capitale du Bangladesh, devenant le principal centre de production. Les tisserands locaux utilisaient le Phuti karpas, une variété de coton extrêmement fine, pour créer un tissu léger et transparent, devenu célèbre dans le monde entier. À l'époque moghole (XVIe-XVIIIe siècles), la mousseline de Dhaka atteignit son apogée. Les empereurs moghols appréciaient énormément ce tissu et l'utilisaient pour confectionner des robes de cour. Sa qualité était telle qu'on disait qu'un morceau de mousseline de Dhaka pouvait y passer une alliance. Sa légèreté et sa transparence étaient considérées comme des symboles de luxe et de raffinement, ce qui rendit ce tissu très recherché non seulement en Inde, mais aussi en Europe, où il était exporté par les marchands britanniques, néerlandais et portugais.
Le déclin de la culture musulmane de Dhaka

Le déclin de la mousseline de Dhaka a commencé au XVIIIe siècle avec l'arrivée de la Compagnie britannique des Indes orientales et la colonisation subséquente du sous-continent indien. La révolution industrielle en Angleterre a entraîné la production de masse de tissus de coton moins chers, qui a inondé les marchés indien et international, réduisant la demande pour la précieuse mousseline de Dhaka. Les politiques commerciales et fiscales britanniques ont pénalisé les producteurs locaux, imposant des taxes élevées et des restrictions à l'exportation qui ont gravement porté préjudice à l'industrie textile locale. La répression des tisserands locaux par les colonialistes britanniques a également contribué à ce déclin. On raconte que les tisserands ont été contraints d'arrêter la production, et dans certains cas même mutilés, pour éliminer la concurrence. Bien que ces histoires soient peut-être exagérées, elles reflètent la sévérité des mesures coloniales contre l'artisanat local. Avec la baisse de la demande et la répression des tisserands, de nombreuses techniques de production de la mousseline de Dhaka ont été perdues. Le savoir-faire transmis de génération en génération a commencé à disparaître, laissant peu de traces du passé glorieux de ce tissu.
La redécouverte de la mousseline de Dhaka
La redécouverte de la mousseline de Dhaka a été rendue possible grâce à une collaboration entre chercheurs, artisans, gouvernements et organisations non gouvernementales. Des historiens et spécialistes du textile ont mené des recherches approfondies pour documenter les techniques de tissage traditionnelles et les caractéristiques de la mousseline de Dhaka. Cette documentation a jeté les bases de la renaissance de ce tissu. Le gouvernement bangladais, en collaboration avec diverses ONG, a lancé des programmes pour faire revivre la mousseline de Dhaka. Ces programmes comprenaient la formation de nouveaux tisserands, la création de coopératives et la promotion du tissu aux niveaux national et international. L'un des principaux défis a été de retrouver les variétés de coton historiquement utilisées pour la mousseline de Dhaka, comme le Phuti Karpas. Des agronomes ont œuvré à la réintroduction de ces variétés de coton, essentielles à la qualité distinctive de la mousseline. Artisans et tisserands ont collaboré avec des designers et des stylistes pour créer des produits modernes en mousseline de Dhaka. Ces collaborations ont propulsé ce tissu au premier plan de la mode contemporaine, attirant l'attention d'un public mondial. Les expositions et foires textiles, tant au niveau local qu'international, ont joué un rôle crucial dans la promotion de la mousseline de Dhaka, en offrant une plate-forme pour présenter la beauté et la qualité du tissu, suscitant ainsi l'intérêt et la demande.
Dhaka Muslin aujourd'hui

Aujourd'hui, la mousseline de Dhaka est utilisée à diverses fins, tant dans la mode que dans l'ameublement. Les vêtements traditionnels, tels que les saris et les kurtas, comptent parmi les plus populaires. Grâce à sa légèreté et à sa respirabilité, la mousseline de Dhaka est idéale pour l'été et les tenues de cérémonie. En ameublement, elle est appréciée pour son élégance et sa finesse. Les rideaux en mousseline de Dhaka apportent légèreté et mouvement aux pièces, tandis que les nappes et les coussins confèrent une allure raffinée et sophistiquée. Grâce à sa respirabilité, la mousseline de Dhaka est également idéale pour le mobilier de jardin, rendant les espaces extérieurs accueillants et confortables.
Conclusion
La mousseline de Dhaka : une histoire de splendeur, autrefois perdue et presque oubliée, a été ramenée à la vie grâce à un effort collectif impliquant chercheurs, artisans, gouvernements et organisations. Aujourd'hui, ce tissu représente non seulement un symbole du patrimoine culturel du Bangladesh, mais aussi un témoignage de la résilience et de la passion des tisserands qui ont œuvré sans relâche pour préserver et revitaliser cet art ancestral. La renaissance de la mousseline de Dhaka célèbre tradition et innovation, unissant passé et présent dans un fil d'une beauté et d'une signification extraordinaires.




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